Confiance et bienveillance dans la reprise

C'est la phrase mise en objet de la lettre du Sgen-CFDT à l'IA-DASE de Seine-Maritime. En voici le texte :

Rouen le 05 juin 2020

Monsieur l’IA-DASEN,

Depuis le 16 mars 2020, tous les personnels de l’Éducation nationale vivent une situation de travail inédite. Dans les écoles, les professeurs des écoles se sont rapidement attachés à mettre en place la continuité pédagogique avec les familles. Ils ont redoublé de temps et d’énergie pour faire face à des situations parfois très complexes : fracture numérique, décrochage d’élèves, manque de moyens matériels,…

La plupart du temps, c’est avec les outils personnels que les collègues ont dû répondre à tous les besoins, sans compter leurs heures, laissant ainsi le travail prendre une place importante dans la vie personnelle.

Depuis le 11 mai, les professeurs des écoles tentent au mieux de mettre en place le protocole sanitaire pour accueillir les élèves dans les classes par petits groupes. Le contact avec les familles est tant bien que mal parfois, maintenu pour discuter de la situation de chaque enfant et favoriser le meilleur suivi jusqu’à la fin de l’année.

Chacun doit ainsi intervenir à la fois en présentiel et en distanciel. Chaque collègue fait le choix de l’organisation la plus efficace possible pour ne laisser aucun élève au bord du chemin. Cette organisation est chronophage et en aucun cas faite dans un souci de confort personnel. Au contraire, beaucoup de collègues expriment une fatigue accrue, alors qu’il reste encore 5 semaines à organiser.

Tous les efforts sont faits pour permettre aux élèves de revenir à l’école, dans le respect de la volonté des familles. Chaque jour, les contacts avec les familles permettent de rejoindre de nouveaux enfants, remettant en cause les organisations des groupes et des classes. Chaque semaine, les collègues doivent se réorganiser pour répondre aux demandes des familles et de l’administration.

Pourtant, depuis le début de la 2ème phase du dé-confinement, des injonctions viennent mettre à mal les organisations des collègues : obligation de présence dans les écoles, allègement du distanciel, pression pour faire revenir les élèves à l’école… Tout cela après l’affirmation par le ministère que le protocole sanitaire n’a pas évolué dans les écoles et que les conditions d’accueil restent les mêmes jusqu’à la fin de l’année.

De nombreux directeurs d’école se retrouvent dans des situations complexes avec des décisions de mairies qui ne leur appartiennent pas (fermetures d’écoles dans des cas de suspicion, manque de matériel ou de personnel municipal,…). Ceci génère du stress, de la fatigue, parfois même de la détresse psychologique.

Nous pouvons vous assurer une chose, Mr l’Inspecteur : OUI les collègues ont été et restent mobilisés pour garantir à chaque élève l’accès à des activités pédagogiques.

C’est pourquoi nous vous demandons de réaffirmer la confiance et la bienveillance à tous les personnels. Confiance et bienveillance qui doivent permettre à chacun de finir l’année dans les meilleures conditions de travail possibles.

Confiance et bienveillance qui doivent exclure toute pression et toutes injonctions contradictoires avec le protocole sanitaire et les annonces du ministère. Si le volontariat des familles est la règle jusqu’au 4 juillet, les collègues ne doivent pas recevoir des injonctions à faire revenir coûte que coûte les élèves à l’école (retour qui dans certaines situations créeraient plus de tort que de bien pour les enfants concernés au vu des conditions d’accueil : angoisse, peur, non respect des gestes barrières,…)

Confiance et bienveillance dans les choix opérés par les professeurs des écoles pour garantir la continuité pédagogique, tant en présentiel qu’en distanciel. Si les collègues n’assurent pas le distanciel jusqu’à la fin de l’année, dans les meilleures conditions qui correspondent à leur réalité matérielle, alors le nombre d’élèves en situation de décrochage augmentera assurément. Quand l’école ne possède pas les outils nécessaires à la mise en œuvre du travail à distance, il nous paraît normal de laisser les enseignants l’effectuer de chez eux.

Confiance et bienveillance qui doivent permettre aux directeurs-trices de se sentir soutenus et épaulés dans les décisions qui leur reviennent et dans la gestion des décisions qui leur échappent.

Cette fin d’année restera particulière pour tous, elle marquera chacun et chacune d’entre nous, tant au niveau professionnel que personnel. Il faudra à chacun trouver des ressources pour finir l’année, mais aussi préparer la prochaine avec beaucoup d’inconnus.

C’est dans ces conditions tous les professeurs des écoles permettront à chaque élève d’être accompagné au mieux jusqu’aux vacances d’été.

En espérant que vous prendrez en considération nos remarques, je vous prie de croire, Mr le DASEN, en notre dévouement pour le service public d’éducation.

Le secrétaire général du Sgen-CFDT Haute-Normandie

Sylvain BERTHAUD