Salauds de pauvres ?

L’article, signé Stéphanie Séjourné1, est paru sur le site de Ouest-France, le 1er septembre. Il y a dans l’académie de Normandie entre 15 % et 20 % des familles qui n’ont pas recours aux aides à la scolarité auxquelles elles ont pourtant droit.

La rectrice, Christine Gavini-Chevet, confirme le chiffre… au moment

même où Jean-Michel Blanquer et Emmanuel Macron, qui lui a apporté son soutien à Marseille le 2 septembre, affirment que l’allocation de rentrée scolaire sert à de nombreux parents à acheter des télévisions à écran plat !

La vérité, c’est qu’il est plus facile de stigmatiser les pauvres que de reconnaître l’impuissance de notre école à réduire les inégalités sociales, alors que telle devrait être sa première mission. Dans notre pays, il faut 6 générations pour sortir de la pauvreté ! Les familles en difficulté et les ménages à faibles revenus sont souvent victimes d’une double injustice : aux problèmes financiers, s’ajoute une exclusion culturelle et scolaire qui empêche les enfants de monter dans l’ascenseur social. La pauvreté pécuniaire s’accompagne presque toujours d’une pauvreté de vocabulaire, d’un manque de références culturelles et d’une méconnaissance du système scolaire et des institutions.

Le Sgen-CFDT s’en est ému à de multiples reprises. Le 5 février dernier, il rappelait l’urgence de repenser la politique d’éducation prioritaire, de l’articuler avec la politique de la ville, de favoriser la mixité sociale… Bref, de prendre conscience de l’enjeu au lieu de traiter la question à coups de slogans et d’opinions simplistes et rances, à peine dignes d’un bourgeois de l’époque de Zola. Heureusement que la plupart des enseignants ne sont pas sur cette ligne-là !

Ce n’est sûrement pas parce que cette tâche républicaine est gigantesque qu’il faut y renoncer. Sinon la République ne sera plus qu’une chimère. Et son école une vanité.