Sous le choc

Autrefois, on pouvait dénoncer les attaques contre les droits de l’Homme dans le monde, abrités dans un pays libre et sûr. Les choses ont commencé à changer en 2015. On a découvert les alertes intrusion. Les écoles sont devenues une cible.

On a franchi un cap, pour la première fois un professeur a été assassiné pour avoir appliqué le programme et, au-delà, rappelé les fondements de notre constitution : les droits de l’Homme, la liberté d’opinion, d’expression et parmi nos valeurs la laïcité.

Cet attentat ignoble nous a sidérés, il nous révulse. Au-delà de la colère légitime, il nous faut trouver des solutions pour aborder la reprise des cours.

Dans l’urgence, le Sgen-CFDT a été reçu par la Rectrice de Normandie. Nous avons fait remonter en particulier la nécessité de sortir du « pas-de-vagues » encore appliqué dans certains établissements et circonscriptions. Quand le chef d’établissement fait remonter une affaire, le retour de l’institution ne se fait pas, ce qui donne à l’équipe le sentiment d’abandon. Le professeur a besoin, en cas de problème avec les parents, de pouvoir s’appuyer sur la hiérarchie intermédiaire.

Il en est de même avec les intrusions extérieures de certains parents dans le programme, ainsi que des contestations des pratiques pédagogiques et du contenu de l’enseignement. C’est à nous d’avoir la main sur l’information aux parents, ainsi qu’aux partenaires qui peuvent nous aider.

Nous avons bien insisté pour que la reprise des cours le 2 novembre soit bien préparée. En 2015, la commande dans l’urgence d’un temps d’échange entre enseignants et élèves avait mis beaucoup de collègues en difficulté. Ce n’est pas seulement le travail des professeurs d’EMC. Il faudra un temps symbolique avec tout l établissement et laisser, par la suite, la liberté pédagogique aux professeurs sur le moment et le contenu de l’intervention.

Dans la durée, l’action de l’institution ne suffira pas, c’est tout l’Etat qui est attaqué et doit trouver des réponses. En particulier, sur l’action des réseaux sociaux. Les élèves les utilisent de plus en plus au détriment des journaux ou de la télévision. On n’y rencontre que ceux qui pensent pareil. Le mécanisme automatique que les sites utilisent n’apporte que des contenus proches et finissent pas enfermer les utilisateurs dans une « bulle » qui ignore toute réalité divergente.

Il est indispensable de protéger nos élèves et nos personnels contre le harcèlement scolaire dans les réseaux sociaux et le déchaînement de haine quand une affaire est montée en épingle. L’emballement provoqué par des radicaux qui instrumentalisent l’école doit être bloqué le plus rapidement possible avant l’intervention d’un « loup solitaire » qui cherche une cause !

assassinat d’un professeur : échanges avec la rectrice