Numérique et ruralité : le numérique au secours des territoires isolés ?

Le Think-tank Terra Nova associé à Google France a fait paraitre le 11 janvier dernier un rapport intitulé « Que peut le numérique pour les territoires isolés ? ».

Les enjeux du numérique et de la ruralité sont au coeur d’un rapport de 91 pages signé Terra Nova. Ce rapport met en avant pas moins de 7 propositions visant à réduire les inégalités territoriales. Il s’appuie sur la transition numérique et le désenclavement des territoires dits isolés.numérique et ruralité

Pour rappel, le territoire français compte 10% de communes (soit 3 576 communes pour près de 1,2 million d’habitants) dans lesquelles moins de 25% des adultes actifs travaillent dans une aire urbaine.

 

Que dit et qu’apporte ce rapport face aux constats déjà connus et largement commentés ?

Un court passage (p 52-53) du rapport concernant le numérique éducatif a attiré notre attention syndicale. En effet, le rapport brosse quelques constats et liste des propositions qui méritent qu’on s’y arrête. Dans un 1er temps, partir sur un nouveau découpage territorial des écoles avec une école regroupant environ 150 élèves afin d’éviter les écoles en Regroupement pédagogique Intercommunal – RPI, ce qui limiterait les classes uniques dispersées.

Puis vient le constat d’une « fracture numérique » entre nos écoles puisque plus de 8 000 écoles seraient dépourvues d’une connexion à internet. De plus, le rapport relaye les difficultés des mairies à pouvoir doter correctement les écoles, faute de crédits et budgets alloués (au numérique) suffisants.

Le dernier sujet évoqué (mais très peu étayé) concerne « la définition et la création de méthodes pédagogiques intégrant l’utilisation régulière des nouvelles technologies ».

Ce rapport doit être en mis en parallèle avec les différents projets du gouvernement actuel avancés depuis deux ans. En effet, les 3 principaux points du rapport existent déjà plus ou moins sur le terrain.

  • Il existe un comité interministériel aux ruralités proposant également de nombreuses mesures pour réduire la fracture numérique des communes rurales.
  • Lancement d’appels à projets « collèges numériques et innovation pédagogique ».
  • Réflexion sur la réorganisation des écoles rurales par le biais de conventions ruralité signées dans le cadre de protocole dans les départements ruraux en perte d’élèves.

Sous les années de la Refondation, il faut tout de même admettre que la question du numérique a été régulièrement abordée et que des budgets spécifiques (DETR – Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux) ont été débloqués par les préfectures.

Même si les quelques lignes du rapport de Terra Nova sur le numérique dans l’Éducation Nationale n’apportent pas de propositions novatrices, elles ont au moins le mérite de poser la question centrale de l’équité de l’enseignement en France : les élèves scolarisés dans les écoles rurales ont-ils accès aux mêmes outils et connaissances via le numérique ? Quelle est la place du numérique dans la pédagogie au quotidien ?

 

Le Sgen-CFDT y voit l’occasion de relayer 2 propositions concernant le numérique :

  • Reconnaître l’importance des acteurs pédagogiques de terrain autour du numérique (les animateurs TICE #FTICE1D souvent oubliés mais qui sont pourtant des interlocuteurs incontournables des équipes enseignantes… et personnels en attente d’une reconnaissance de la part du Ministère),
  • Réfléchir au développement d’offices départementaux du numérique afin de créer une dynamique large auprès des communes et de mutualiser les moyens (pour faire baisser le coût des achats et abonnements… comme les Espaces numériques de travail – ENT par exemple).

Prenons pour exemple l’Aveyron… il existe un office départemental du numérique où différents interlocuteurs font remonter les besoins, les attentes… Puis, l’office lance des appels d’offres avec pour logique de baisser les coûts avec des achats globalisés. C’est le cas avec un ENT 1er degré commun à toutes les écoles du département.

Cela devrait ensuite  permettre de mettre en oeuvre des formations au plus près du terrain, d’impulser des actions liées au numérique avec des impacts positifs sur la pédagogie au quotidien… et, nerf de la guerre, de négocier des contrats de maintenance pour le matériel installé dans les écoles et établissements.
Actuellement, chaque commune travaille isolément, n’a pas toujours un élu local sensibilisé au numérique… Un office départemental permettrait d’avoir des interlocuteurs compétents, des réponses rapides et concrètes. Pour en savoir plus, consultez le site du Syndicat Mixte pour la Modernisation numérique et l’Ingénierie informatique des Collectivités et établissements publics Adhérents