la réforme des lycées professionnels à Rouen

Cet article est le fruit d’informations que nous ont données des militants nationaux venus dans notre région : Vincent Bernaud, Alain Candau, Jean-Luc Evrard et Dominique Treffle qui est chez nous mais intervient à Paris. Il a été enrichi par des remarques faites par les participants à nos réunions.

Il faut d’abord démythifier la situation, la réforme actuelle n’a pas pour objectif de faire disparaître l’enseignement professionnel. Cette réforme a deux buts principaux :

  • Maintenir les élèves au LP avec la concurrence de l’apprentissage et pour cela permettre la mixité des publics en accueillant des apprentis dans les classes toute l’année. Cela ne peut se faire que si des moyens sont donnés aux professeurs pour les accueillir correctement sans délaisser les élèves habituels, c’est ce que défend le Sgen-CFDT (heures coefficientées ou pondération et du temps pour faire le suivi). C’était déjà le projet lycée des métiers de Mélenchon mais on a dénaturé et affadi le projet. La mixité des parcours est faisable, des publics sont plus motivés sauf quand l’amplitude de travail est trop importante, Une section marche très bien à Reims et on ferme dans les sections qui n’ont rien voulu faire,

 

  • Faire face à une diminution attendue des élèves de la filière GA (Gestion Administrative), les possibilités de débouchés sont très réduites, donc on fermerait la moitié des classes, après les départs en retraite, cela représente encore une reconversion pour 500 collègues. Le LP Flaubert à Rouen est tout particulièrement concerné par des fermetures de classes, il est même menacé de disparition.

 

Nous obtenons davantage de dédoublements de cours que par le passé, par exemple en terminale : pour 30 heures les élèves sont 9 heures en classe entière y compris EPS, 20 heures en dédoublement et une heure en co-intervention. La consigne est de ne plus avantager le passage en lycée général mais de réorienter les flux. Le nombre d’heures par élève diminue mais 35 heures de cours par semaine provoque un décrochage des élèves.

Il y a un problème pour l’utilisation des plateaux techniques, le matériel appartient à la région, pourquoi est-il réservé aux élèves de PLP ? Il est issu des impôts des Français, on peut chercher à l’optimiser mais cela peut poser toutes sortes de problèmes comme la maintenance. On a parfois des problèmes de relations entre le LP et le lycée technique associé. Les formateurs extérieurs ne feront pas de maintenance, c’est déjà difficile à l’intérieur de l’Education nationale, encore plus si on fait appel à d’autres organismes. La région devrait être chargée de la maintenance.

L’apprentissage : Il pourra avoir lieu dans tous les LP, les publics pourront être mixtes, apprentissage et initiale dans la même classe. La voie pro capte les jeunes et les garde, après le bac pro, ils ne veulent plus démarrer au bas de l’échelle. En fait, les branches sont incapables de trouver des entreprises qui accueillent.

Les critiques des Inspecteurs Généraux sont nombreuses sur l’absentéisme, la vétusté du matériel, l’orientation. La volonté du gouvernement est de fluidifier les parcours, permettre d’évoluer toute sa vie dans la formation continue. Les formations continues sont plus courtes, avec moins de moyens. Pour chaque jeune, le CFA reçoit une somme d’argent décidée par les branches, au contrat. Si on reçoit 6 jeunes, on est payés pour 6 jeunes. Les financeurs demandent à ce qu’on fasse toujours aussi bien avec moins de moyens. A un moment donné on arrive à une rupture.

Dans notre région, Hervé Morin dirige les régions, il ne veut plus des CFA. Les branches devraient être capables de deviner où seront les besoins pour l’avenir sauf qu’elles sont désorganisées. Il faudra une comptabilité particulière dans les LP, avec l’aide des GRETA ? Mais ils s’occupent des adultes. Des expérimentations existent comme au lycée Grieu à Rouen pour trois apprentis.

D’après le rapport Calvez-Marcon, les élèves auraient le choix après la seconde entre rester dans l’initiale ou passer à l’apprentissage dans l’établissement ou dans le privé.

Ce qui ne va pas : l’âge minimum, ceux qui viennent de 3ème ont 14 ans et ne peuvent pas s’adapter à l’entreprise. L’orientation ou réorientation, pourquoi les élèves sont là ? Nous n’avons pas de reconnaissance pour le travail fait, le départ en apprentissage n’est perçu que comme un échec sans tenir compte de ce qu’ils ont reçu. On ne tient pas compte des prérequis, comment on enseigne aux non francophones, aux handicapés lourds.

Ce qui va : le conseil pédagogique, la fierté d’être en bac pro, l’élévation du niveau.

En Haute-Normandie, on est bloqués à 70 ETP de DDFPT (ex chefs de travaux), en cas de besoin, on peut obtenir un apprenti. On pourrait revendiquer un ensemble de services avec une équipe à son service. Si la formation en secondes est trop large, on risque d’aller vers trop d’abstraction. Reste à comprendre ce que signifie « famille de métier ».

On veut davantage de BTS en lycée professionnel et faire évoluer le diplôme valant grade de licence, exemple métier d’art, pour reconnaître ceux qui ont fait une année de formation avant le BTS. C’est possible aussi pour l’hôtellerie.

Sur l’annualisation, on ne va pas vers 1607 heures de cours mais on peut avoir des cours par quinzaine.

Peut-on imaginer une épreuve transversale et pluridisciplinaire, comme une étude de cas ? Pour l’instant, les blocs de compétences sont disciplinaires.

La grille horaire est progressive, moins d’heures pro en secondes et plus d’enseignement général au début. Actuellement, 30% de l’enseignement n’est pas fléché. Le conseil pédagogique sera indispensable pour éviter le copinage. Dans les établissements où il n’existe pas, les projets sont très difficiles. Un contractuel à 18 heures à Reims est payé 18 heures même s’il est est en sous-service, on pourrait lui demander de faire de la co-intervention mais tout le monde ne veut pas voir un autre professeur dans sa salle.

Une pétition circule concernant les contractuels pour leur titularisation au bout de 5 ans, à faire signer. 30 000 enseignants sont concernés.