Une récente annonce émanant de l’UPSTI (association des profs de STI) a fait courir la rumeur d’une énième réforme de la voie technologique. L’association avait été entendue par le ministère en tant qu’experte dans le cadre d’une concertation très large sur la place de la voie technologique.
Petit retour en arrière.
Début 2020, Le ministre Blanquer avait décidé de constituer un groupe de travail adossé au comité de suivi de la réforme des lycées afin de questionner la place de la voie technologique consécutivement à la réforme du lycée. La baisse de -4 % des effectifs d’élèves dans la voie technologique à la rentrée 2019 (-16 % en STL et -14 % en STI2D) suite à la mise en place des spécialités en classe de première dans la nouvelle voie générale, a sonné comme un signal d’alerte pour le ministère, confirmant une tendance lente mais certaines de la baisse des effectifs observée depuis de nombreuses années.
Depuis le 14 janvier 2020, ce n’est pas moins de 5 groupes de travail qui se sont tenus avec le ministère entre les organisations syndicales représentatives, fédérations de parents d’élèves et association des IUT. Des recommandations tirées des réflexions de ce groupe de travail seront portées à la connaissance du comité de suivi de la réforme des lycées le 4 novembre prochain. A l’issue, c’est le ministre qui décidera ce qu’il retiendra des propositions pour booster la voie technologique (campagne d’information nationale, renforcer la technologie en seconde, réduire le nombre d’élève par division, valoriser les poursuites d’études et les perspectives d’emplois). A priori, il n’y aurait rien d’extraordinaire qui viendrait bouleverser le quotidien des enseignants. En tout cas, on ne s’orienterait pas vers une réforme d’ampleur mais plus vers un toilettage de l’existant avec une volonté affirmée d’augmenter l’attractivité des séries technologiques en les rendant plus lisibles aux yeux du grand public.
Rumeur infondée donc, d’autant que dans son message initial, l’UPSTI n’a fait qu’émettre un avis sur les évolutions de la voie technologique, rappelant au passage que l’objectif du ministère était bien de valoriser cette voie dans une vision bac-3/bac+3, démentant de fait 2 autres hypothèses consistant à fusionner des séries technologiques ou à transformer les séries technologiques en spécialités à part entière de la voie générale.
Sur ces 2 hypothèses, le Sgen-CFDT avait d’ailleurs émis un avis très négatif, estimant qu’ils produiraient inévitablement des effets dévastateurs sur les emplois comme la réforme du lycée conçue dans un contexte sociétal où prédomine des disciplines jugées plus nobles que d’autres.
Pour redynamiser les séries technologiques, alors que certaines organisations syndicales, nostalgiques des anciennes formations, prônaient des changements de contenus de programmes plus techniques et professionnels, là encore, le Sgen-CFDT a rappelé que les collègues n’étaient pas des girouettes et réclamait de la stabilité pour asseoir leurs enseignements. Un retour d’avant les grandes réformes de 2011 serait d’ailleurs un non- sens puisque le déclin des voies technologiques provenait en particulier d’une offre qui à l’époque ne répondait plus aux attentes des jeunes avec les conséquences sur les effectifs élèves et les postes d’enseignants que l’on a connu.
Aujourd’hui, la question de l’attractivité de la voie technologique, étranglée entre les voies générales et professionnelles, reste malgré tout d’actualité.
La CFDT a revendiqué de reconnaître l’exception Française de cette voie technologique et qu’à ce titre, le ministère devait s’employer pour mettre tous les moyens en œuvre afin de la préserver, notamment en mettant en place des campagnes d’information d’envergure pour tenter de la valoriser. Trop souvent considérée comme une voie de relégation, orientant les élèves les plus éloignés du standard scolaire, il n’en demeure pas moins qu’elle joue encore son rôle d’ascenseur social et de réconciliation avec l’école. Ses méthodes pédagogiques actives, portées par des démarches inductives allant du concret vers l’abstrait, sa pédagogie de projet, en font une force qui permettent à de nombreux élèves de sortir de l’échec et de s’offrir des parcours universitaires de qualité voire d’excellence avec à la clé des perspectives professionnelles épanouissantes.
Des annonces seront attendues de la part du ministère début janvier 2021 pour effectivement une mise en place des éventuelles nouveautés en septembre prochain.