Seconde générale technologique et professionnelle : Bilan d’une expérimentation devenue positive

Bertrand Muesser enseignant de mathématiques au lycée R. Cassin de Strasbourg a participé activement durant 2 ans à une expérimentation visant à mettre en place une classe de 2nde générale technologique et professionnelle (2nde GTP). Retour d'expérience.

Sgen-CFDT : Quand a débuté cette expérimentation et qui sont les initiateurs de ce projet de seconde générlycéesale technologique et professionnelle ?

Bertrand Muesser : Cette expérimentation a débuté à la rentrée 2014 et entre donc dans sa troisième année. Elle a été initiée par le CSAIO* de l’académie de Strasbourg en concertation avec la proviseure du lycée René Cassin un établissement public de Strasbourg spécialisé dans les formations tertiaires.

Sgen-CFDT: Quels étaient les objectifs de cette expérimentation 2nde GTP ?

BM : Il s’agissait principalement de permettre à des élèves aux résultats scolaires fragiles en classe de troisième ou hésitants entre le choix voie GT et voie pro de bénéficier d’une année sas pour prendre le temps de faire un choix sécurisé de filière à la fin de la classe de seconde.

Sgen-CFDT : Quels sont les caractéristiques principales de l’expérimentation ?

Les conditions de l’expérimentation

BM : Il y a 3 innovations principales :

  • Une classe à effectif réduit (24 élèves)
  • Le même horaire de cours que les autres classes avec 1h d’enseignement d’exploration en PFEG** au lieu de 1h30
  • Un module de découverte des lycées professionnels au travers de cours d’ateliers à raison de 2 heures hebdomadaires.

Sgen-CFDT : quels ont été les éléments facilitateurs de ce dispositif ?

BM : Incontestablement, le fait que le lycée Cassin soit un lycée labellisé « lycée des métiers »*** a facilité les choses, parallèlement aux enseignements généraux et technologiques dans notre lycée à forte orientation tertiaire, la présence d’un enseignement professionnel a permis de faciliter l’organisation de la découverte des cours d’ateliers. Ceci dit nous avons également signé des conventions avec d’autres lycées professionnels tertiaires et un lycée professionnel industriel pour élargir la palette des découvertes d’univers professionnels.

Sgen-CFDT : Qu’est ce qui est est selon toi indispensable pour qu’une telle expérimentation puisse être un succès ?

BM : Le nombre d’élèves ! Nous avons obtenu que cette classe GTP ne soit constituée que de 24 élèves, c’est à mon avis la condition sine qua non pour assurer un suivi efficace et pertinent de tous les élèves.

Sgen-CFDT : Les élèves de cette seconde GTP bénéficient-ils d’un suivi particulier ?

BM : Oui, chaque élève a un enseignant de la classe comme tuteur avec 4 ou 5 entretiens dans l’année, notamment au moment des conseils de classe.

Sgen-CFDT : Comment les élèves ont-ils été recrutés dans cette seconde expérimentale ?

BM : Cette question du recrutement fait partie des difficultés que nous avons rencontré. Les deux premières années cette 2nde GTP a été proposée à des élèves de troisième qui refusaient l’orientation dans la voie professionnelle mais qui ne pouvaient aller dans la voie générale. Difficulté supplémentaire, il y avait dans notre secteur de recrutement un certain nombre de collèges qui expérimentaient le dispositif « choix d’orientation aux parents ». Le résultat a été assez frustrant pour l’équipe de notre lycée puisque le « sauvetage positif» des élèves n’a pas été possible.

Sgen-CFDT : C’est à dire, quel « sauvetage » impossible ?

BM : Concrètement il y a eu très peu d’orientation en 1ère professionnelle, quelques orientations en 1ère ES (mais qui ont été des échecs) et le gros du contingent est passé en STMG, STL ou ST2S.

Une réorientation jugée nécessaire

Sgen-CFDT : Mais ce n’est pas un échec alors ?

BM : Non, mais nous avons tout de même tiré des leçons de ce premier bilan pour réorienter l’expérimentation vers un autre profil de recrutement. Pour préparer la 3ème année d’expérimentation nous avons mis en place un pré-recrutement dès le mois de mai avec des entretiens de motivation (élève- enseignants et proviseure) et le lycée a donné son avis sur les candidatures avant les conseils de classe du 3ème trimestre en collège.

Sgen-CFDT : Quel a été le résultat de cet infléchissement ?

BM : l’ambiance de travail s’est nettement améliorée et l’équipe pédagogique a retrouvé confiance dans le dispositif, tout en abandonnant l’idée qu’elle allait « sauver les élèves pour leur permettre d’aller vers la voie générale ».

Sgen-CFDT : Pour conclure à qui s’adresse plus particulièrement cette 2nde GTP et quels sont les problèmes qui restent en suspens ?

BM : Le profil de l’élève de 2nde GTP est désormais cerné, il s’agit d’un élève qui a un projet post bac un peu vague, un projet accessible sous diverses formes par les 3 voies. La 2nde GTP permet alors à cet élève de prendre le temps de découvrir quelle est la voie la plus pertinente pour arriver à ce projet. Le problème central qui reste en suspens (hormis celui de la nécessité de trouver les moyens pour financer une classe de seconde à 24 élèves) c’est celui d’obtenir la possibilité pour un élèves de 2nde GTP de s’orienter en 1ère professionnelle industrielle. Nous avons obtenu la garantie du CSAIO que nos élèves bénéficieront d’une priorité absolue pour trouver une place dans cette filière.

Propos recueillis par Pascal Kittel

  • CSAIO : chef du service académique de l’information et de l’orientation

  • PFEG : enseignement d’exploration en classe de seconde (principes fondamentaux de l’économie et de la gestion)

  • Lycées des métiers : label donné à un établissement accueillant des publics de statuts différents (voie pro, GT et CFA)